Cercle Science & culture
Alliances du Monde

Le Cercle « Science & Culture Alliances du Monde » soutien la recherche et la culture en faveur des meilleures harmonies Vin/Bois de chêne. Son programme - à l’occasion d’Alliances du Monde® - permet aux experts-jurés et aux professionnels en faisant la demande d'approfondir le travail d'identification des expressions vin/chêne.

Comme l’équipe d’Alliances du Monde® vous vous sentez concerné par la maitrise du savoir-faire de valorisation des meilleurs de vos vins grâce à l’élevage sous bois, dés lors n’hésitez pas à nous contacter: infos@alliances-du-monde.com

Le programme culturel Alliances du Monde® est soutenu par la Fédération Française de la Tonnellerie (FFT) soucieuse de s’investir à l’occasion d'Alliances du Monde® dans la réflexion sur les perceptions sensorielles de l'alliance vin/chêne.

Alliances du Monde, au cœur de Tronçais, une forêt d'exception

Le 29 octobre 2013, Claude Robert, directeur bois ONF Centre-Ouest Auvergne Limousin a conduit tout spécialement les experts-jurés d’Alliances du Monde à la découverte de la forêt de Tronçais. La forêt domaniale de Tronçais bénéficie d’un rayonnement exceptionnel parmi les forêts françaises. Mondialement connue pour la qualité de son bois pour la fabrication des tonneaux, elle est aussi célèbre dans les milieux naturalistes et scientifiques pour la richesse de sa biodiversité. Nous partageons ici quelques éléments présentés par Claude Robert lors de cette visite passionnante.

Tronçais : une histoire de sylviculture ...

On attribue couramment à Colbert l’origine du renouveau de la gestion forestière en France et tout particulièrement à Tronçais. Il est vrai que c’est sous son impulsion que la forêt a été bornée pour la mettre à l’abri des abus des riverains, comme toutes les forêts royales de l’époque. Mais suite à cette période de « réformation », la forêt a été parcourue en 50 ans par les coupes à « tire et aire » classiques de l’ancien régime. La forêt est exsangue à l’issue de cette période, et il a fallu rester quasiment 40 ans sans exploitation. Les exploitations reprennent en 1779. Le premier aménagement en futaie régulière date de 1835. Les aménagements successifs ont programmé leur renouvellement progressif sur 175 ans, dans des peuplements de plus en plus gros dont la futaie Colbert constitue le dernier vestige. Ce sont ces peuplements qui ont marqué l’inconscient collectif et assis la réputation de la forêt de Tronçais qui a produit au cours du siècle dernier des chênes à grain fin de gros diamètres que l’on ne trouvait dans aucune autre chênaie française.

Ce qui fait la grandeur de Tronçais est cette gestion continue en futaie régulière depuis 1835. C’est une œuvre exceptionnelle et Tronçais garde « une longueur d’avance » sur la majorité des autres chênaies domaniales où la conversion en futaie régulière n’a véritablement été généralisée qu’entre 1850 et 1900.

Tronçais doit donc plus son aspect actuel à la sylviculture de l’Ecole Forestière de Nancy qu’à Colbert. Les peuplements qui ont assuré la réputation de la forêt ne subsistent plus qu’à l’état de lambeaux sénescents dans la réserve biologique dirigée de la futaie Colbert. Mais contrairement aux idées reçues, il n’y a jamais eu autant qu’actuellement de vieux bois et des classes d’âge aussi bien réparties suite à cette longue période de conversion en futaie régulière.

En forêt de Tronçais, l'ONF met en place une politique de préservation de la biodiversité avec en particulier des mesures en faveur des gros et vieux bois : conservation d’arbres morts ou à haute valeur biologique dans les parcelles à l’occasion des martelages, mise en place d’îlots de vieillissement à cycle sylvicole allongé (300 ans à Tronçais, avec une cinquantaine d’hectares déjà implantés), abandon de toute sylviculture dans le cadre de la réserve biologique intégrale de Nantigny (près de 100 ha).

La forêt de Tronçais fait aujourd'hui partie d'un réseau de 16 forêts domaniales métropolitaines emblématiques, dans lesquelles l'ONF engage une démarche de labellisation appelée « Forêt patrimoine d’Exception ».

Si on voulait résumer le travail du forestier dans une futaie de chêne en quelques chiffres, voici ce qu'il faudrait retenir : tout commence par un ensemencement naturel suite aux coupes de régénération, avec des tonnes de glands qui donnent naissance à des centaines de milliers de semis par ha. C’est la lutte pour la vie, le forestier maîtrisant la végétation concurrente par des dégagements. Dans le fourré d’une vingtaine d’années, on compte encore 50 000 chênes/ha que l’on commence à desserrer pour obtenir  500 tiges/ha vers 50 ans.  C’est à ce stade que sont repérées les 50 à 70 tiges / ha destinées à constituer le peuplement final. Les éclaircies sont alors faites à leur profit tous les 10 ans. De sorte qu’au fil des décennies, on ne dénombre plus que 150 arbres à 100 ans, une centaine vers 150 ans pour finir avec les seuls arbres objectif vers 200 ans… Soit des centaines de milliers de semis pour 50 à 70 chênes à maturité !

Une qualité construite sur des recherches scientifiques…

Les futaies de Tronçais, à grande majorité de chêne sessile (90 %), produisent un bois de couleur jaune paille, homogène et clair, à accroissements fins et réguliers, très apprécié pour la tonnellerie et le placage. Afin de garantir la qualité et la durabilité de la ressource bois, l’aménagement actuel de la forêt a pris en compte l’ensemble des résultats des recherches effectuées dans les futaies de chêne. En effet depuis 1932, un réseau de placettes expérimentales installées dans nos grandes chênaies (Blois, Bercé, Tronçais…) a permis de modéliser la croissance et la production des futaies. La mise en place du Guide des «Chênaies Atlantiques» permet en fonction des classes de fertilité et de la hauteur dominante des peuplements, d’approcher le nombre d'arbres optimum par hectare.

A Tronçais, cette sylviculture pragmatique et scientifique, passe par une bonne connaissance des peuplements. Ainsi, des diagnostics sylvicoles par inventaire statistique sont réalisés avant chaque intervention de dépressage ou d’éclaircie ; les arbres d’avenir sont identifiés à partir de 20 m de hauteur dominante ; les passages en éclaircies sont réalisés au profit des arbres d’avenir tous les 8 ou 10 ans.

A Tronçais, le bois est reconnu pour donner de la futaille de la meilleure qualité depuis au moins le début du 17e siècle. Aujourd’hui, le travail du forestier façonne les peuplements de manière à pérenniser cette qualité et à justifier la renommée de ce grand massif domanial. 

Sources et Remerciements

Nous remercions de l'ONF Centre Ouest Auvergne Limousin, Pascal Jarret, directeur forêt auteur du document dont sont extrait des passages de cette page. Nous remercions Claude Robert, directeur bois pour cette passionnante visite de la forêt de Tronçais et Sylvie Arcoutel, responsable communication pour son aimable collaboration.

Pour en savoir plus : www.onf.fr

Crédit des photos : Benoît Lacombat

Cercle « Science & Culture Alliances du Monde »

Chaque année, dans le cadre du Cercle « Science & Culture Alliances du Monde » plusieurs intervenants de grande qualité permettent aux experts-jurés dégustateurs et aux professionnels qui le souhaitent d’approfondir leurs connaissances et d’évaluer leurs compétences à appréhender multi-sensoriellement la notion d’harmonie appliquée aux alliances vin/chêne :

  • Découverte du métier de mérandier guidé par Jean-Jacques Nadalié.
  • Démonstration de fabrication de barrique par les « Compagnons du Devoir et du Tour de France » de l’école de Tonnellerie de Beaune accompagnés par Vincent Damy et Sébastien Cossin de la Fédération des Tonneliers de France.
  • « Comment notre cerveau perçoit le monde des odeurs et comment les nouvelles avancées en Neuroscience Olfactive peuvent éclairer la perception des interactions et des équilibres entre le bois et le vin » par Gabriel Lepousez, Docteur en Neuroscience, à l’Institut Pasteur.
  • Expérimenter les apports d’un outil comme le coffret Le Nez du Vin du « Fût de chêne neuf » sur la construction des cartographies olfactives neuronales grâce à Jean Lenoir et à Lea Desportes.
  • « Synthèse des dernières connaissances acquises sur l’élevage des vins sous bois » par Philippe Darriet, directeur de l’Unité de recherche Œnologie INRA-ISVV de la Faculté d’Œnologie Bordeaux. Cet exposé a permis aux dégustateurs de mieux cerner la grande diversité des mécanismes impliqués par les composés du bois et ainsi les contributions possibles de l’élevage sous bois au goût et aux phénomènes d’interaction perceptive.
  • Partage des connaissances sur les alliances historiques et culturelles entre le bois & le vin et exploration des approchent possibles de l’harmonie dans la dégustation des vins élevés sous bois par Arnaud Immele, œnologue et auteur du livre « Les grands vins sans sulfite ».
  • Exploration à travers la musique du large champs des harmonies possibles. Concert de la chanteuse irlandaise Gillie McPherson accompagnée de nombreux instruments à corde : énergie de sa voix à l’ambigus étonnant, du grave rocailleux aux aigus diaphanes et maîtrise vocale naturelle de toutes les inflexions. Concert de Rythm and blues pour expérimenter en live comment les accords entre les instruments à corde, à vent, à percussion et la voix.